CHAPTER ONE: Il est temps de se faire face [Aedan&Alayna]

Tournant en rond dans son appartement, Alayna avait l’impression que sa tête allait exploser. Trop d’émotion se bousculait dans son esprit... elle qui vivait alors dans un monde plutôt tranquille, sans soucis, avec une magie saine et une vie humaine des plus basiques... aujourd’hui tout changeait. Avec ces attaques, avec ce qu’elle ressentait, ce qu’il venait de se déclencher en elle... Alayna avait la sensation de perdre tous ses repères, de ne plus contrôler sa personne et ses réactions. Cette nuit-là, envahie par des songes qui mêlaient rêves aux cauchemars, la rouquine se réveilla en sueur, et lorsqu’elle regarda autour d’elle, le miroir de sa chambre s’était brisé en mille morceaux. Ainsi, elle se trouvait-là, attendant que le jour se lève pour pouvoir aller trouver des réponses, du réconfort. Son esprit ne cessait de revoir le sang... la soirée au lac... l’indifférence d’Aedan... le froid distant d’Aksel... la solitude extrême qu’elle avait ressentie et ce rejet intérieur qui ne firent qu’accroître ce qui semblait grandir en elle... l’obscurité.  

On disait souvent qu’elle était trop sensible lorsqu’elle était jeune. Qu’elle prenait les choses trop à cœur et que si elle n’apprenait pas à contrôler et dompter cette sensibilité... celle-ci aurait raison de sa bonté et sa santé d’âme. Elle inspira... profondément. Des images ne cessant d’apparaître à ses yeux jusqu’à ce que... dans un élan, une pulsion, un cri... elle porta son poing au mur, créant une impulsion magique qu’elle ne contrôla pas... le trou se trouvant alors dans son mur et le désordre autour ne firent que la faire paniquer davantage. Sa main, écorchée, ne lui fit pas mal le moins du monde. Haletante, elle décida d’aller sous la douche, de s’habiller d’un jean et d’un top simple et se rendit chez les Stuart afin de trouver sa meilleure amie. Elle seule avait le don de la rassurer... l’adoucir et la faire sourire.

Elle connaissait les lieux comme sa poche. Si bien qu’elle savait ne pas se faire repérer... afin de ne croiser personne. Et l’idée même de croiser Aedan lui était inconcevable. Sur le trajet, qu’elle fit à pieds, elle eut le temps de se calmer, quoique toujours mélancolique, elle eut le temps de réfléchir, alors que la pluie fit son entrée à quelques pas du domaine de la famille Stuart. Elle arriva donc trempée. Elle se fraya un chemin discrètement jusqu’aux appartements d’Aylin.. Mais alors... au détour d’un couloir, subitement, la faisant sursauté... elle se retrouva nez à nez devant lui. Aedan. Son sang ne fit qu’un tour et lorsqu’elle croisa son regard, les souvenirs du passé firent surface ainsi que l’indifférence dont il fut preuve durant la soirée au lac. Ses cheveux mouillés tombant devant son visage, la jeune femme ne sut pas réellement quoi dire, mais on pouvait lire bien des choses dans son regard...

“Je suis venu voir Aylin” fit-elle alors, sans pour autant dire bonjour. Elle n’arriva pas à bouger, là en face de lui. Elle le détailla, le regardant de sa grande taille et elle avait envie de le frapper d’être si... inexpressif. Si lui-même. À croire qu’il se fichait réellement d’elle... qu’elle n’avait jamais compté et qu’elle n’était plus personne à ses yeux. Elle tentait de garder contenance, ne pas flancher face à lui... mais elle le connaissait et elle savait que si elle s’attardait trop... lui saurait frapper ou ça fait mal. Elle inspira donc et fit volt face, prête à partir en faisant quelques pas... mais alors qu’elle se trouvait en ce moment en position de faiblesse, en proie à ses émotions les plus primaires et ne les contrôlant pas, elle s’arrêta... restant dos à lui un instant elle se tourna de nouveau et prit de nouveau la parole : “Ha et je vais bien merci... au cas où ça t’inquiéterait.” fit-elle en référence à la soirée au lac... où elle était rentrée seul après avoir bel et bien constaté... que personne ne semblait se soucier d’elle.Jamais Alayna n'avait parler à Aedan ainsi... jamais elle n'avait parler à personne ainsi...  

Lorsqu’Alayna était encore toute jeune, elle passa énormément de temps chez les Stuart. Son père et celui d’Alvy, Aedan, Aylin et Aëlynn étaient de vieux amis et des alliés en chasse... c’était donc avec évidence que la rouquine se lia d’amitié avec eux. Aëlynn a toujours été comme une sœur mais un lien particulier se créa entre Aylin et elle. Une amitié forte et indestructible. Quant à Alvy, elle a été aussi protectrice que Marwenne l’avait toujours été avec elle. Alayna s’est toujours sentie en sécurité entre ses murs... et avec Aedan, il a toujours été évident pour elle qu’il fut le grand frère qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Nathan a toujours détesté la jeune femme. Encore aujourd’hui, elle est heureuse de ne plus faire partie de la vie des March pour au moins cette raison. Nathan a toujours été jaloux, mauvais et fourbe. Alayna a su trouver sécurité et réconfort auprès d’Aedan... un lien fusionnel et très fort les a liés... fut un temps.

Et aujourd’hui, tout est différent. La puberté est passée et ils sont devenus adultes. Avec cela, la jeune rousse rêvait d’indépendance et de liberté. Elle ne se sentait plus obligée de suivre les traces des March. Faire de la magie, faire le mal et tuer des créatures... des êtres dotés d’émotion. Elle en était incapable et ne voyait pas la vie de cette façon. Ainsi, elle renia ses origines et son père la chassa de la villa March en jurant qu’elle était morte à ses yeux. Ce fut une déchirure pour elle... mais pas aussi douloureuse que la réaction d’Aedan. Aylin comprit son choix et accepta Alayna telle qu’elle était. Il n’y avait qu’elle et sa sœur pour voir en elle cette force qu’elle avait eu d’affirmer ce qu’elle était. Jeune femme trop douce, bienveillante et altruiste pour songer faire du mal à quiconque... mais Aedan vécu cela comme une trahison et sa réaction fut plus douloureuse que celle même de sa propre famille.

Alayna se rappelait parfaitement ce jour. Lorsqu’elle annonça sa décision de ne pas devenir chasseuse et de faire sa vie à l’écart de ce monde. Elle se rappelait cette confrontation. Ces mots venant percuter son cœur. Elle se rappelait ses larmes, coulant en masse le long de ses joues tandis qu’il ne lui accorda aucun répit, aucun moyen de s’expliquer. La jeune femme se détourna en se promettant de ne plus le revoir, ayant eu la sensation désastreuse de perdre l’un des êtres les plus cher à son cœur... Mais ce fut un sacrifice nécessaire pour vivre selon ses valeurs et ses principes. Aylin accepta de ne plus parler de lui... même si c’était parfois impossible et Alayna ne lui en voulait pas... après tout il s’agissait de son jumeau. Mais chaque fois que son nom était prononcé, la jeune femme sentait en elle ce creux dans la poitrine, ce vide et cette douleur lancinante qui lui donnait envie de hurler... il lui manquait bien trop. Mais en parler n’aurait rien changer... cela ne changeait rien.

Lorsqu’elle le voyait parfois en venant voir Aylin, elle réussissait toujours à l’éviter. Et probablement faisait-il de même... mais cette rencontre, cette confrontation... était inévitable. Après les événements au lac, Alayna était venu voir Tiago à l’hôpital. Il était sorti depuis longtemps, sa capacité de guérison dépassant celle des humains lambda. Aëlynn fut touchée également, mais par chance... il n’y eut pas plus de mort. Mise à part quelques échanges de sms cependant, elle n’avait pas eu l’occasion de voir sa meilleure amie. Elle devait être terriblement occupée à traquer les vampires qui s’en prenaient à tant d’innocents. Mais la rouquine devait la voir... elle devait la voir. Depuis Aksel, depuis le lac... depuis l’indifférence d’Aedan... et surtout depuis la mort d’Abby, Alayna ressentait en elle des forces qu’elle semblait ne plus maîtriser en même temps que ses émotions semblaient la dépasser. Comme si sa naïveté et son innocence l’avait autrefois empêché de voir qu’elle était devenue une femme...

Face à lui, elle sentit son cœur battre plus fort. Rythme incontrôlable lui donnant l’impression qu’un tourbillon s’emparait d’elle. Un mélange de rancœur, de trouble et une peine immense l’envahissant elle préféra faire volt face en précisant qu’elle venait voir Aylin. Mais les souvenirs de la soirée au lac revinrent à son esprit alors qu’elle semblait prête à partir. Elle se retourna subitement, les mots sortant comme des lames s’enfonçant en lui... mais il ne sembla pas en être atteins... Il sourit, avançant vers elle. Elle ne baissa pas le regard mais sentis qu’elle venait de faire une erreur. Aedan était un homme fort avec un caractère qui va avec et elle... elle n’avait aucune répartie. Du moins c’était ce qu’elle pensait d’elle. Ce qu’il dit l’atteignait davantage et son regard lui lança des éclairs. Appuyant bien sur le fait qu’il se moquait bien de ce qu’elle pouvait bien devenir.

Alors qu’elle s’apprêtait à ne même pas lui répondre, il continua sur sa lancé et, ouvrant de grands yeux derrière ses cheveux encore mouillés par la pluie, elle ne put s’empêcher de rougir face à sa dernière affirmation et son regard se troubla un instant. Comment pouvait-il parler de ce genre de chose, eux qui avaient grandis ensemble. La douleur continuait de tirailler ses entrailles et elle passait son temps à retenir ses émotions... sans savoir que les conséquences pourraient être tragique. Relevant son regard vers lui, elle n’en démordit pas, se décidant enfin à l’affronter. Après tout, il était hors de question qu’elle le laisse se permettre de lui parler ainsi : “Je ne vois pas en quoi ça te concerne. Et si j’ai quitté ma famille ce n’est pas pour jouer les sorcières puissantes alors tes remarques tu peux te les garder” elle serra les poings, elle voudrait lui dire tant de chose, lui déverser tout ce qu’elle ne comprenait pas.

Frissonnant d’être trempée de la tête aux pieds, elle inspira profondément comme pour reprendre de l’assurance et ferma les paupières, mordant sa lèvre un instant pour retenir les mots qui ne demandaient qu’à sortir : “Et si je ne semble pas aller bien c’est peut-être parce qu’un ou plusieurs psychopathes s’amusent à tuer des gens innocents. Mais peut-être que cela ne t’atteint pas après tout, au moins, comme ça, tu peux faire ton petit job de chasseur sans avoir de remords” Cela ne lui ressemblait pas d’être aussi piquante et surtout d’attaquer gratuitement. Elle ne contrôlait ni ce qu’elle ne disait ni ce qu’elle ressentait. Sa tête lui tournait. Elle n’arrivait plus à mettre de l’ordre dans ses idées : “Laisse tomber, de toute façon je ne vois même pas pourquoi je m’emmerde à te parler... t’en a plus rien à faire de moi et t’as bien su me le prouver...” elle aurait dû faire volt face, partir en finissant sur cette phrase, mais elle n’arrivait plus à bouger, tremblant comme une feuille. De froid ou d’émotion elle l’ignorait mais, son regard humide dans le sien, elle ne pouvait bouger, comme si elle se rendait compte alors, pour la première fois, qu’Aedan, en plus d’être un petit con... était devenu un homme.

[FLASHBACK] “Concentres-toi Alayna bon sang ! Je t’ai déjà dit de faire attention à tes appuies !” la voix de Monsieur March résonnait dans la salle d’entraînement du manoir March. La rouquine de 16 ans était transpirante et essoufflée et tenait entre ses mains un bâton d’entraînement. En face d’elle, son père ne lui faisait pas de cadeau bien que la douleur de ses muscles la fît trembler. Retenant ses larmes, elle ne voulait pas montrer son dégoût. Elle regardait autour d’elle. Sa mère, se tenant parfaitement droite et le regard entre distance et douceur, ne la quittait pas des yeux. Elle se voulait encourageante mais... la jeune femme ne voulait qu’une chose... que cet entraînement prenne fin et qu’elle retourne à ses rêveries et ses lectures. Non loin, assit dans un coin et dans un état pitoyable, se trouvait son frère qui attendait son tour. Il avait déjà subi un entraînement, mais elle savait que bientôt, il reprendrait. Bingo... alors qu’elle prit une gorgée d’eau, son père fit un signe à Nathan de venir prendre sa place et le cœur de la jeune fille s’emballa dans sa poitrine. Nathan lui jeta un regard froid et plein de haine... elle savait que son frère la détestait et il savait parfaitement le montrer. Elle se mit en position de défense et alors, ils tournèrent autour un moment avant qu’il ne fonce sur elle. Nathan avait une faiblesse, sa santé fragile. Et la force de la jeune fille était et avait toujours été sa légèreté et sa rapidité. Souple et pleine dextérité elle fit une courbette en arrière, un salto des plus gracieux et fit quelques mouvements de jambe avant de le faire chuter à terre en balayant sa jambe au sol afin de le faire tomber. Elle s’éloigna alors, attisant sa colère : “Nathan, espèce d’incapable. Quand cesseras-tu ainsi de me faire honte. Alayna achève le” la jeune fille tourna subitement son visage vers son père, surprise. Elle regarda son frère encore à terre qui la regarda elle et son père à tour de rôle... elle hésita. Non... même s’il était détestable elle ne voulait pas lui faire du mal. Il n’avait rien fait. Elle recula, secouant négativement la tête : “Non... non je ne veux pas père... s’il vous plait” il fronça les sourcils : “Alayna c’est un ordre. Ne montre aucune faiblesse face à l’ennemie” elle sentit des larmes venir à ses yeux, serrant la main autour de son bâton laissant un silence planer : “Non...” fit-elle, ne manquant pas de courage. Son père arriva alors en face d’elle, attrapant son arme et lui donna une gifle qui la fit presque tomber. Posant une main sur sa joue elle le regarda, le regard horrifié et retint ses larmes alors qu’elle le vit approcher de son frère : “Non !!” s’écria-t-elle alors, tendant sa main qui tenait sa joue. Dans un élan, le bâton qui se trouvait dans la main de son père, qu’il venait de lever pour finir le travail, vola à travers la pièce pour venir se briser contre le mur. Le cœur battant, alors que tout le monde lui lança un regard indigné, Alayna recula de plusieurs pas en arrière. Sa mère voulu s’approcher pour la calmer et l’emmener ailleurs, mais la jeune adolescente disparue déjà en courant. Sans réfléchir, elle quitta la propriété en courant et se rendit jusque chez les Stuart. Lorsqu’elle arriva dans les jardins du manoir, elle s’arrêta, reprenant son souffle. Quand une silhouette sortant de la demeure apparut elle reconnut le jeune homme qui lui lança un regard inquiet. Laissant alors ses larmes couler, elle se mit à courir pour sauter dans ses bras, se mettant à pleurer à chaude larme : “Aedan..” sanglota-t-elle alors, le serrant fort contre elle, ne trouvant pour seul réconfort que la présence de celui qu’elle considérait bien plus comme sa famille que le reste des March... [FIN DU FLASHBACK]

Alayna, ses cheveux blonds mouillés tombant devant son visage, ne pouvait quitter Aedan du regard. Ses mots la percutèrent de plein fouet. Si elle ne disait rien à Aylin sur son rôle de chasseur c’était tout simplement parce qu’elles s’étaient mises d’accord pour ne jamais en parler. Afin que leur amitié n’en pâtisse pas. Mais avec Aedan... c’était différent. Peut-être parce qu’il était un homme et que la crainte qu’un jour il devienne comme son père lui glaçait le sang. Et aussi parce qu’il était celui auquel elle tenait le plus dans la famille March à l’époque. Même si Aylin était sa meilleure amie, lorsqu’ils étaient jeunes... Alayna se rappelait comme elle ne lâchait jamais Aedan d’une semelle. Il était tout pour elle. Il lui permettait d’oublier ses peurs, de ne plus sentir le poids de sa famille sur ses épaules et surtout... elle se sentait en sécurité. Et aujourd’hui... tout était différent. Depuis quelques semaines, depuis cette soirée au lac... Alayna ne contrôlait plus ce qu’elle ressentait. Elle avait tant de rancœur... tant de colère... qu’elle se laissait submerger sans réussir à se contenir. Essayant de tout garder à l’intérieur... elle se sentait envahir par des forces qui la dépassait. N’usant jamais de ses pouvoirs, les gardant en repos... ceux-ci semblaient s’éveiller d’une manière qui ne plaisait pas à la jeune femme. Depuis la mort de sa grand-mère, depuis Aksel... depuis le lac. Elle ne se reconnaissait plus... et aux mots du brun en face d’elle... c’était une vérité. Elle n’était plus elle-même. Petite chose si faible qui n’avait pas pu sauver sa grand-mère. Petite chose si faible qui s’était faite avoir par les charmes d’un homme... petite chose si fragile qui en voulait à cet homme en face d’elle pour ne plus lui témoigner l’affection dont elle avait besoin. C’était une vérité. Alayna se sentait terriblement seule, abandonnée... démunie.

Tu n’en as plus rien à faire de moi et t’as bien su me le prouver... Elle vit son visage se transformer et y vit alors comme de la colère mais pas seulement. Fronçant les sourcils, ce qu’il dit alors lui fit comme l’effet d’une bombe. Sa poitrine s’alourdit et elle sentit ses yeux devenir humide et rouge... mais elle ne réussit pas à détourner le regard. Tu as très su tourner la page. La jeune femme sentit son cœur se serrer et son visage se déforma par un mélange entre colère et tristesse. Elle baissa un instant les yeux avant de les remonter vers lui qui ne cessait de parler. Elle voulait lui dire de se taire. Tais-toi... arrête de parler. Je t’en prie cesse de me torturer ainsi. Des images de leurs enfances... de leur rire et leur complicité... ces images ne cessaient d’envahir son esprit tandis que ces mots la percutaient. Elle entendait sa déception. Sa douleur qu’il ne montrait jamais. Ses sentiments qu’il dévoilait après avoir montré tant d’indifférence et elle ne s’y attendait pas. Elle n’arrivait pas à détourner son regard. Elle cherchait un moyen de le stopper. Qu'il arrête. Les émotions se bousculaient dans le cœur de la blonde qui essayait de garder le contrôle. Il serra les poings et la jeune femme eut subitement envie de lui prendre la main... car dans le fond elle tenait encore bien trop à lui. Elle aurait voulu que tout cela se trouve derrière eux et qu’il n’y ait jamais eu de rancune. De colère. De malentendu. Elle aurait voulu qu’il comprenne. Il releva son regard vers elle mais ferma les paupières, comme si la regarder était une épreuve pour lui. Une larme coula sur la joue d’Alayna, se mélangeant à sa peau humide par la pluie. Puis alors qu’elle pensait que son calvaire était terminé, il reprit la parole. Non... je t’en prie ne dis plus rien. Les phrases qui suivirent la choquèrent. Elle fut surprise et le témoigna dans un seul regard. Il demandait de ses nouvelles...? Vraiment ? Elle ne pensait pas. Aedan était toujours un sujet à éviter avec Aylin. Elle savait. Elle voyait toujours comme il était douloureux pour elle de parler de lui. Mais en y repensant... Alayna se demandait encore pourquoi cette douleur ne disparaissait pas. Pourquoi fallait-il qu’elle souffre toujours de son absence. De sa haine. De sa rancune. Elle pensait qu’il se fichait bien d’elle. Que sa vie de chasseur l’importait plus qu’elle. Et alors qu’il se détourna, prêt à partir... il confirma ses dires. Et elle sentit cette douleur lancinante lui taillader l’abdomen. Elle n’était pas si importante que cela. Elle ne serait jamais plus importante que son rôle de chasseur. Et peut-être était-ce cela qui la tuait plus que tout. Elle se sentit abandonnée une seconde fois. Seule. Sans personne. Elle avait cette sensation qu’elle n’était importante pour personne. Qu'elle ne serait jamais suffisamment précieuse pour passer en premier plan. Et étrangement, le fait qu’Aedan lui confirme ces pensées lui fit la sensation de vide qui la fit perdre pieds subitement. Ses poings se serrèrent et alors qu’il ne sembla pas le remarquer... les lumières du couloir commencèrent à clignoter doucement, sans trop se faire remarquer. Contrôle Alayna. Contrôle. Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal. Une envie de vomir s’empara d’elle et alors qu’il s’éloigna elle crut qu’elle pourrait de nouveau respirer... mais l’écho de son poing venant rencontrer le mur la fit sursauter... et au même moment, les lumières cessèrent de clignoter.

Poussant un soupire elle le regarda alors, et ses yeux glissèrent pour regarder sa main. Il s’était blessé. L'inquiétude passa dans le regard de la blonde qui n’osa toujours pas bouger. Mais, prenant une inspiration et toujours sans un mot, elle avança lentement vers lui. Elle ignorait s’il la repousserait ou s’il ne bougerait pas mais elle ne put s’en empêcher... elle tendit son bras dans un geste lent, lourd, le regard vide d’expression. Elle attrapa sa main délicatement et regarda l’étendue des dégâts. Glissant ses doigts sur sa peau, elle ne dit rien. Posant alors sa paume contre la blessure, elle ferma les paupières, tentant de faire le vide dans son esprit elle releva son visage et soupira quelques mots : “Sana vulnera doloris...” retirant sa main, cela ne remplacerait pas un bandage et quelques soins, mais le brun devrait guérir plus rapidement et ne pas ressentir trop de douleur... après tout... il avait besoin de sa main pour chasser. Ne lâchant pas sa main, elle releva son regard vers lui, inexpressive. Elle resta ainsi, laissant alors ses larmes couler : “Tu te souviens... cette fois où je suis arrivée en pleur et que j’ai sauté dans tes bras...” elle recula d’un pas, lâchant sa main, ses émotions se perdant de nouveau dans un tourbillon qu’elle ne contrôlait pas : “Mon père voulait me forcer à battre mon frère jusqu’à lui faire perdre conscience. Il me tuait à la tâcher, il était cruel et surtout... il n’avait aucun sens de la justice. Pour lui chaque race devait être éliminé. Bien qu’il existe des vampires et des loups qui ne demande qu’à vivre de façon pacifique...” elle renifla et son visage prit un air de dégoût : “Il voulait faire de moi une mâchine à tuer. Un être incapable de la moindre pitié. Et ce n’était pas moi !” ses derniers mots furent plus fort qu’elle ne l’aurait pensé : “Je pensais... je pensais que tu comprendrais après le nombre de fois où tu m’as vu épuisé psychologiquement et physiquement. Je pensais que tu tiendrais suffisament à moi pour comprendre que je ne voulais pas de cette vie ! Je pensais que tu me soutiendrais comme tu l’as toujours fait que tu serais là pour moi. Mais au lieu de cela tu as préféré croire que je trahissais les tiens... car après tout !! Il n’y à que ça qui t’importe.” elle renifla son visage se perdant, le regard cherchant partout la moindre trace de réconfort mais elle s’emballait, incontrôlable. Les lumières clignotèrent de nouveau : “J’ai bien compris que je passais à second plan. Tu dis que tu tenais à moi... tu dis que tu demandes de mes nouvelles... Mais je passerais toujours au second plan Aedan ! Qu’aurais-je du faire heiin??!!! Suivre les traces de mon père et tuer tout être surnaturel qui croisaient mon chemin ??” haletante, elle passa une main sur son visage et ses cheveux : “Vous, les Stuart, vous avez été élevé avec des valeurs. Vous êtes des chasseurs qui avez soif de justice. tu dis que tu m’as connue forte et combattante ! Mais je n’ai jamais été ainsi... j’ai toujours eu peur. J'ai toujours eu envie de fuir. J’ai toujours voulu d’une autre vie... je...” elle ferma les yeux, ses larmes glissants sur ses joues.. Elle prit une grande inspiration se calmant alors

“Je rêvais d’une vie simple. De me réveiller chaque matin et de prendre le petit déjeuner avec mon père et ma mère. Leur faire des calins. Fêter Noël... les anniversaires... pourquoi...” elle ouvrit ses yeux, plantant son regard larmoyant de le sien, sa voix tremblante essayant de trouver les mains. Plaintive, et à bout elle renifla : “Pourquoi tu n’as pas pu comprendre ça...?” elle partie dans un sanglot, croisant les bras autour d’elle, baissant ses yeux vers le sol, ne pouvant plus supporter cette douleur qui tiraillait ses entrailles : “Tu étais mon meilleur ami... tu... tu étais... tu es...” elle se tue un long moment, laissant le silence se briser par ses sanglots et lorsqu’elle releva son visage vers Aedan, elle croisa son regard et elle ne sut quoi lui dire de plus. Elle se trouvait pitoyable. Faible. Tout ce qu’il détestait. Non elle n’avait rien d’une femme forte. Non... elle était faible. Elle n’avait jamais eut la force d’une chasseuse. Elle n’avait pas non plus l’etoffe d’une grande sorcière. Elle n’avait pas sû sauver sa grand-mère. Elle n’avait pas sû... elle n’avait pas pu tenir tête à son père ou à sa mère. Elle n’avait jamais été comme on voulait qu’elle soit. Et même aux yeux du brun à face d’elle... elle semblait être une déception énorme. Elle essuya ses joues et inspirant profondément elle finit : “Je devrais partir... je n’aurais pas dû..” elle n’arrivait pas à finir sa phrase, sa voix faible se cassant au moindre mot. Elle n’arrivait pas non plus à bouger, tremblant de froid... tremblant de trop... d’émotion... de désespoir et de sentiment qu’elle ne comprenait pas... elle désirait tant... tant que cette instant s’efface. Qu'il n’est jamais exister. Elle s’en voulait d’avoir craquer ainsi. De ne pas avoir contrôler ce qu’elle ressentait... elle se sentait misérable.  

Il avait été son meilleur ami et bien plus encore. Lorsqu’ils étaient jeunes, Alayna se retrouvait souvent avec es jumeaux pour oublier son quotidien si dur. Elle ne voulait même plus rentrer chez elle. Fut un temps, dans l’adolescence, elle songea même à s’enfuir. Fuguer. Mais Aedan avait su la convaincre. Il avait toujours su faire ressortir sa force, son courage... à ses côtés, la rouquine reprenait assurance et confiance en l’avenir. Alors... lorsqu’elle annonça qu’elle renonçait à une vie de sang et de chasse. Lorsqu’elle annonça qu’elle reprenait des études et qu’elle déménageait... la réaction du brun lui fit l’effet d’un coup en plein dans la poitrine. Elle qui pensait qu’il de son côté. Elle qui pensait qu’elle passerait sa vie auprès de lui... fut rejeté et baffé comme une vulgaire traitresse. Elle fut placée au même rang que tous ceux qu’il méprisait et la jeune femme se rendit alors compte comme elle le vivait toujours mal aujourd’hui. En très peu de temps, la rousse aujourd’hui blonde avait énormément changé. La mort de sa grand-mère, sa nuit avec Aksel et son mutisme ainsi que l’événement au lac avait comme déclencher en la jeune femme ce qui semblait endormis depuis toujours. Sa féminité. Ses sentiments. Son hypersensibilité. Comme toute femme, elle réagit de la façon la plus prévisible. Direction le coiffeur elle en était ressortie blonde et alors qu’elle était plutôt invisible et discrète d’ordinaire, la jeune femme prenait plus soin d’elle bien qu’elle manquât toujours d’assurance. Le regard vide, perdue et troublée, elle marchait chaque jour tel une Hermite qui ne comprenait pas pourquoi elle se sentait si seule, démunie et abandonnée. Ce fut ainsi qu’elle se sentait en face d’Aedan, qui laisse plâner un long silence alors que les larmes de la jeune femme glissaient le long de ses joues, ses mains serrant ses bras croisés devant sa poitrine. Le regard cherchant refuge en sillonnant le vide en face d’elle, elle n’osa le regarder alors qu’elle n’avait su contrôler ses paroles, ses émotions... Elle renifla, tentant de se calmer, ne comprenant pas pourquoi elle se sentait si différente. Il y avait de cela quelques semaines, elle semblait si innocente, ignorant tout de la vie et de ses réalités. Enfermés dans une bulle et aveuglés par l’espoir d’une vie de conte de fée. Mais en ce jour, cette fillette n’existait plus. À la place ne se trouvait que déception, colère, désir, tristesse, peur et solitude...

C’est là que tu te trompes... c’est mots résonnèrent, venant briser ce silence insoutenable et Alayna releva ses yeux clairs vers lui, essayant de déchiffrer les émotions qu’il semblait cacher avec difficulté. Fut un temps, la blonde savait percer la coquille du brun. Mais cette époque semblait révolue. Il prit la parole en employant des termes qui se voulait plutôt exact mais elle baissa la tête, un instant. Bien sûr qu’elle aurait pu prendre son propre chemin. Peut-être qu’elle aurait pu rejoindre les Stuart en devenant une chasseuse avec des valeurs. Mais c’était là qu’Aedan se trompait au sujet de la jeune femme. Elle ne voulait tout simplement pas tuer. Avoir du sang sur ses mains.... Être responsable de la mort d’un être doté de sentiment... elle aurait aimé lui dire... lui demander s’il se rappelait la première fois qu’il partit en chasse et la première fois qu’il tua. Elle voulait lui demander s’il avait ressenti quelque chose et si ce sentiment était agréable. S’il arrivait à oublier chaque vie qu’il avait retiré. S’il réussissait à vivre avec le souvenir des visages et des familles qu’il avait possiblement briser. Lui pouvait peut-être être suffisamment fort pour que cela ne l’atteigne pas... Mais Alayna était bien trop sensible, bien trop humaine. Il suffisait de voir le métier qu’elle avait choisi d’exercer pour le constater. Ce qu’elle avait toujours voulu, c’était prendre soin des gens. User de sa magie pour de simple formule afin de soigner les maux. Que ce soit des humains, loups ou vampires, la blonde savait ouvrir sa porte et son amitié à tous ceux qui le désirait... et jusqu’alors elle n’avait jamais été déçue... donc pourquoi aurait-elle dû choisir une autre vie que celle qu’elle vivait... pourquoi fallait-il qu’elle se sente si seule. Et pourquoi fallait-il qu’elle se rende compte de cela aujourd’hui, alors qu’elle trouvait en face de celui avec qui elle avait passé toute son enfance. Pourquoi fallait-il que d’un simple regard... il lui fasse prendre conscience de sa solitude. Pourquoi fallait-il que d’un simple regard... il lui fasse ainsi perdre tous ses repères. Les yeux dirigés vers le sol, Alayna ne savait plus quoi penser ou quoi ressentir. Trop de sentiments se mélangeaient ns son esprit et elle ne savait y mettre de l’ordre. Dans un déni et une ignorance totale, elle ne se rendait pas encore compte de l’intensité de ses sentiments à l’égard du brun. Elle s’y perdait, ne pouvait s’y résoudre alors que l’évidence se trouvait juste devant elle.

Tu ne serais jamais passé au second plan. Son cœur manqua un battement, se serra, alors que son regard remonta subitement pour plonger dans l’intensité de celui qui venait de prononcer ces mots. Elle ne s’y attendait pas. Elle ne savait que répondre. Et surtout, l’intensité et la profondeur de sa voix firent monter le rouge aux joues de la blonde sans qu’elle ne s’en rende compte. Un frisson parcouru sa nuque jusqu’au sommet de son crâne et elle se retrouva prise de cours... non... elle ne s’y attendait pas. Elle n’aurait jamais pensé ça de lui, qu’il lui dise ainsi une telle chose. Ce serait-elle donc trompée ? Aurait-elle réellement fait passer la jeune femme au premier plan avant même son rôle de chasseur. Elle ne pouvait qu’en douter malgré cette révélation qui la troublait bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Surtout lorsqu’il rajouta qu’il ne changerait pas. Qu’il était né comme ça et qu’il ne changerait pas. Alayna ne le quitta alors pas des yeux, ses larmes reprenant de plus belle. Cette douleur était toujours présente et alors qu’elle avait l’espoir qu’il puisse un jour lui pardonner, il venait de nouveau tout balayer d’un revers de main. La blonde fut prise d’un sanglot, elle ne voulait plus endurer cela, elle voulait partir. Son esprit était trop tourmenté, trop chaotique. Elle allait finir par craquer et c’était tout sauf une bonne idée. Inspirant et reniflant elle s’apprêtait à se retourner pour partir quand il prit brusquement son poignet, l’arrêtant dans son élan. La jeune femme baissa les yeux sur cette main touchant sa peau et fut surprise de la chaleur qu’elle ressentie. Celle-ci, douloureuse et délicieuse, irradia son bras. Elle venait de lui dire qu’il était son meilleur ami, qu’il l’avait été et n’avait pu finir sa phrase. Elle avait préféré rendre la fuite mais tout cela sembla impossible au simple contact de la main d’Aedan à son poignet. Il lui demanda alors... je suis quoi... la jeune femme ouvrit de grands yeux, surprise... elle ne s’attendait pas non plus à cette question. Elle ouvrit la bouche, troublée, ne sachant que dire et elle inspira profondément... non elle ne savait pas. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle n’y arrivait pas. Elle n’arrivait pas à mettre de mot sur tout ce qu’elle ressentait en cet instant.

“Je...” fit-elle alors qu’il insista. Il sera davantage sa prise et elle baissa son regard sur sa main en fronçant les sourcils et poussa un soupire, à peine audible : ”Aedan... tu.. Tu me fais mal..je...” mais elle n’eut le temps de se défendre qu’il continue. L’intimant alors lui dire ce qu’il était pour elle. Que tout le monde semblât lui dire en ce moment... mais elle se retrouvait prise de court, haletante, la bouche ouverte, en haleine et ne sachant que dire ni par où commencé. Alors elle planta ses prunelles dans les siennes... elle sentit ceux-ci s’emplir de nouveau de larme et elle ferma les paupières, L’eau coula sur ses joues et elle ouvrit ceux-ci après quelques secondes : “tu...” elle se mordit la lèvre, hésitante elle balayant le vide du regard avant de se redonner du courage : “Tu as toujours été le seul homme qui ne m’a jamais regardé comme une étrangère... tu... tu es ma famille... et...” elle inspira, restant un instant le regard plonger dans le sien et soupira ses mots comme s’ils s’avérèrent être libérateur : “Tu es le seul qui peut, par de simples mots.... M’anéantir- ou m’apaiser.” Elle renifla, laissant un instant ses larmes couler et préféra baisser les yeux, se laissant guider par ses émotions : “Tu es le seul capable de me faire me sentir forte... comme me donner l’impression de n’être qu’une moins que rien... tu es le seul qui sera à jamais capable de me faire sentir... “ elle hésita sur ses mots et releva son visage, le regardant : “... importante” elle resta un instant là, à le regarder. Sans réellement prendre conscience de l’intensité et l’importance de ces mots... Alayna n’avait cependant pas conscience que leur simple existence faisait prendre une autre tournure à cette relation qu’elle avait toujours eut avec lui. Et sans se rendre compte de l’intensité des sentiments qu’elle pouvait ressentir pour lui... sans y mettre ces mots pourtant si fort... elle ne put que décrire tout ce qui était vrai à ses yeux. Mais quand se rendra-t-elle enfin compte de ce qu’il représente pour elle....? L’ignorait-elle vraiment : “Et moi... qu’est-ce que je suis pour toi aujourd’hui...? Une traitresse ?... c’est donc tout ce que tu peux voir en moi aujourd’hui.... après tout ce qu’on a traversé...” elle inspirant et regardant le mur : ”Aedan je....” elle inspira... ne réussissant plus à trouver ses mots...ne pouvant finir sa phrase, l’écho de son prénom, le sien... faisant battre son cœur bien plus qu’elle ne pouvait le reconnaître.